Alors, parce que décembre est le mois du Père Noël pour beaucoup, du Fait religieux pour certains, le mois des rêves et des fêtes, le mois du partage, je voudrais remercier ceux qui ont relancé cette entreprise : les clients, les travailleurs, les investisseurs. Il est bon de savoir que quelque part, non loin de chez nous, des gens œuvrent (et c’est parfois une besogne) pour nous permettre de rouler sans nous mettre des nouvelles barrières de standards, de limites de durabilité, ou sans rogner sur ce que l’on estime précieux. C’est une vraie énergie qui y est déployée en faveur d’un mode de vie moins consumériste, plus pérenne, optant chaque fois qu’elle le peut pour l’option de l’élégance — même pour une simple selle sur laquelle on pose son derrière ou une besace de tissu dans laquelle ranger un encas.
En portant sur le papier des impressions cyclistes, en évaluant mon rapport à des routes qui pourraient pourtant m’être anonymes, en lisant des cartes IGN ou en me demandant ce que j’aime tant dans cette petite entreprise bourguignonne vieille de 3 fois mon âge, je me suis souvent amusé que depuis la Chine, depuis le Maroc, depuis l’Italie, depuis les îles Canaries ou depuis l’Angleterre, je me revoyais entrer pour la première fois chez Berthoud avec l’irradiation chaleureuse d’un lieu qui immédiatement nous séduit. Je me suis d’emblée dit « un jour, mon vélo, je le ferais ici. » Et nous y voilà, à ce jour. Bientôt, je le récupérerai.
Décembre est un moins de partage, donc, un mois d’échange : on donne du temps, du matériel sous la forme de cadeaux, des trouvailles spontanées qui on l'espère feront plaisir, de repas que l’on prépare plus ou moins « pour faire plaisir ». Décembre est un mois d'espérance — même si les convictions en un futur radieux sont parfois rudes à installer, dans la pluie et dans l'obscurité. Décembre est un mois où les paysages sont éphémères, la lumière comme les nuages filent en hâte, rien ne s'installe longtemps à part le crépitement du feu dans le soir, on entend sans cesse les portes qui claquent et les battants qui frottent pour garder la chaleur, pour ne pas rester ouvert au vent. Décembre est un mois ou l'on voudrait chérir ceux que l'on aime, que tous aillent bien et que tous se soignent bien. Dans la frénésie de la recherche matérielle on distingue finalement l'essentiel: et il est rarement matériel. L'essentiel c'est une pause, quelque part réunis, en bonne santé, à regarder sereinement l’avenir. Décembre c'est la joie de dire: je me concentre sur les quelques jours qui reste de l'année 2024 pour — préparer la prochaine — oublier celle ci — en faire le maximum — savoir rattraper des erreurs.